Madame Antoinette Pichon, veuve dun employé du gaz, possédait un caniche nommé Dickie. Devenue trop âgée, sa santé la contraignit à se séparer de son petit compagnon à quatre pattes. Chagrinée, elle le confia à sa fille, qui habitait Lille.
Hélas, le petit chien ne put shabituer à sa nouvelle vie, et se languissait de son ancienne maîtresse. Si bien quun beau matin, il senfuit.
Durant des jours, des semaines, des mois, lanimal chemina de ses petites pattes, par monts et par vaux. Son instinct le poussait à retrouver le domicile de la bonne madame Pichon, qui laimait tant.
Cest ainsi quun soir doctobre, il parvint enfin dans les faubourgs de Bordeaux.
Malheureusement, madame Pichon, depuis toujours, vivait à Nice.
Pour la petite histoire, ce conte express fut pris au sérieux par un dénommé Adolph, qui sétonna une heure plus tard, avec une exquise délicatesse :
Mais alors, pourquoi Dickie sest fait chier à aller à Bordeaux alors que sa maîtresse vivait à Nice?
Je croyais que les chiens et même les chats étaient capables de retrouver la piste de leur maître (dommage pour les connards qui les abandonnent en forêt!) et de se laisser mourir sur la tombe de leur maître.
On a les lecteurs quon mérite !...
Philippe Risoli est un chanteur.
Laetitia Casta est une comédienne.
Jean-Marie Bigard est un humoriste.
Bernard-Henry Lévy est un philosophe.
Luc Besson est un cinéaste.
Christophe Lambert est un acteur.
Claire Chazal est une journaliste.
Jacques Chirac est un Président de la République.
Eminem est un humaniste.
Bernard Tapie est un homme honnête.
Laurent Fabius est un homme de gauche.
Mademoiselle Agnès est une fille intelligente.
Mère Teresa était une sainte.
McDonald est un restaurateur.
Le pacte des loups est un film.
Benjamin Castaldi est un animateur sympathique.
Lady Di était « la princesse des pauvres ».
Nulle part ailleurs est une émission de télévision.
Gérard Miller est un puits de science.
Romane Bohringer est une fille ravissante.
L’instit’ et Madame le proviseur sont des séries géniales.
Jack Lang est un bon ministre.
Jean-Marie Messier est un patron humain.
Doc Gynéco est un garçon plein d’esprit.
Coca-Cola est une boisson.
Les Robin des Bois sont des comiques drôles.
Karl Zéro est un intervieweur audacieux.
M6 est une bonne chaîne de télévision.
Skyrock est une radio.
Michel Drucker est un homme très gentil.
Wolinski est un dessinateur.
Monique Pantel est une critique de cinéma.
Tolkien est un écrivain.
JPM sexprime parfois hors du forum, et la crapoteuse émission de M6, Loft Story, lui en fournit loccasion. Mais, dédaignant les vannes quune armée dhumoristes déversa sur ce spectacle honteusement truqué, il préféra y voir la réalisation dune idée de... Marivaux. Cest ainsi que son ami Didier Porte reçut un jour ce pastiche de ses chroniques matinales sur Ouï-FM :
Mon ptit Josquin, je vous le dis tout net : les astuces vaseuses par lesquelles vous annoncez ma chronique tous les jours que Dieu fait (et Il sait sIl en fait !) ne seront bientôt plus quun souvenir. En effet, je vous prédis que dans quelques minutes, vous noserez plus vous abstenir de me manifester la considération qui est due moins à mon prétendu grand âge quà la gratitude incommensurable que je vais vous inspirer et qui vous incitera, je nen doute pas une seconde, à me baiser les pieds de reconnaissance éperdue. Et ne me rétorquez pas quon baise ce quon peut, comme Jean-Édouard la récemment prouvé avec Loana. Dune part, il ny a pas de piscine dans ce studio, et dautre part, cette réplique serait le comble du mauvais goût ; or le mauvais goût na pas droit de cité sur cette antenne même si Picasso prétendait que le bon goût na rien à voir avec lart.
Oui, Josquin, remerciez votre tonton Top, qui, avec sa magnanimité coutumière, à laquelle seule peut être comparée la chatoyance de son talent proverbial, va enfin relever le niveau de votre culture jusquici quelque peu défaillante. Il était temps. Notez en passant, chers auditeurs, que ce geste de simple humanité fondamentalement empreint de solidarité bienveillante est accompli par votre serviteur de manière tout à fait bénévole. Certes, Michael Gentile, qui dirige cette station dune main de velours dans un gant de fer, a bien tenté, par gratitude au vu des pointes himalayesques recensées par lAudimat à cette heure matinale sur Ouï-FM, de me faire accepter une augmentation propre à faire passer mes émoluments du niveau actuel, celui dun travailleur immigré venu du Glanbadesh (comme dirait Steevy), et contraint à marner douze heures par jour dans une cave du Sentier pour la plus grande gloire du prêt-à-porter hexagonal, à celui du manuvre tunisien, payé au noir mais ayant la chance de travailler au grand air sur un chantier des Grands Travaux de la République ; un véritable pont dor, par conséquent et pour rester dans les BTP. Mais vous me connaissez, désintéressé jusquà ce niveau dabnégation qui ferait passer labbé Pierre pour un émule de loncle Picsou, jai repoussé loffre de notre bien-aimé directeur, dune munificence qui risquait de compromettre les finances de votre radio préférée, déjà mises à mal par les audaces inouïes de son très innovant service informatique. Au reste, les cachets mirobolants que me verse le Point-Virgule, où je passe du mercredi au samedi à 22 heures 15, et ce jusquau 14 juin, me permettent de vivre sur le standing qui convient à ma notoriété, de renouveler fréquemmment ma garde-robe, de fréquenter avec assiduité les instituts de fitness les plus en vogue, et même parfois de faire le plein de gazole pour ma 309 diesel. Je puis par conséquent faire preuve de ce détachement quasi-bouddhiste des biens matériels poussé jusquà lextrême, qui a fait ma juste réputation dans les milieux artistiques et circumvoisins. Mais revenons au sujet qui nous occupe.
Josquin, mon ptit bonhomme, vous ne lignorez pas, on na rien sans rien ; je vais donc vous prier de répondre à cette question, dailleurs sur toutes les lèvres : savez-vous qui est le véritable inventeur du concept de Loft Story ? Comme dans Voulez-vous gagner des millions ?, et sachez que je me sens tout à fait à laise dans le rôle de Jean-Pierre Foucaut, je vous laisse le choix entre quatre réponses. Donc, soyez attentif, voici ces quatre possibilités. Réponse A : Thierry Ardisson ; réponse B : Arthur ; réponse C : Marivaux ; réponse D : Obiwan Kenobi. Attention, réfléchissez. Vu limportance de lenjeu, vous navez droit à aucun joker et ne pouvez pas téléphoner à un ami.
(Ici, une alternative : si Josquin donne la bonne réponse, cest-à-dire Marivaux, passer directement à >>> MARIVAUX. Sil donne une autre réponse, continuer ci-dessous)
Eh bien... Mauvaise réponse ! Vous avez perdu, nos auditeurs sont témoins, et il ny aura pas de session de rattrapage. En outre, vous devez une tournée générale. Il fallait répondre : linventeur du concept de Loft Story était Pierre Carlet, alias Marivaux, 1688-1763, illustre dramaturge et académicien, auteur entre autres des Fausses confidences et du Jeu de lamour et du hasard.
(Ici, passer à >>> SUITE)
>>> MARIVAUX
Josquin, vous avez répondu « Marivaux », et vous avez... gagné, à la surprise générale de ceux qui vous connaissent bien ! Linventeur du concept de Loft Story était en effet Pierre Carlet, alias Marivaux, 1688-1763, illustre dramaturge et académicien, auteur des Fausses confidences et du Jeu de lamour et du hasard. Dites-moi, comment avez-vous deviné ? Il y a un truc ?
>>> SUITE
À ce stade, nos auditeurs sont en droit de se demander si je nai pas abusé du romanet-conti, ou si Doc Gynéco ne ma pas refilé son stock de pure colombienne. Eh bien non, en dialecticien chevronné, je navance rien que je ne puisse démontrer. Figurez-vous en effet que Marivaux est lauteur dune pièce en un acte, La dispute, qui a été jouée une seule fois de son temps, en 1744, et na pas été reprise en raison du bide quelle sétait ramassé à cette époque. La Comédie-Française attendra près de deux siècles avant de la rejouer, et la pièce a rendu célèbre Patrice Chéreau, qui la mise en scène voici un quart de siècle. Or, que racontait La dispute ? Ouvrez bien vos oreilles.
Le Prince dun pays bien sûr imaginaire, et dans un lointain passé puisque cette idée ne pourrait germer dans lesprit dun véritable dirigeant des temps modernes, avait eu le désir de trancher une question qui sétait posée à sa cour : à savoir, qui, des hommes ou des femmes, avaient le plus de prédisposition pour linconstance amoureuse ? Il avait donc fait élever dans lisolement le plus total une demi-douzaine denfants, trois garçons et trois filles, pris au berceau. Enfermés dans six maisons différentes, éduqués séparément et dans lignorance que les autres existaient, par des serviteurs noirs donc nappartenant pas au genre humain, ces jeunes gens étaient rendus à la liberté à lâge de dix-huit ans, et, constamment observés à leur insu, dès cet instant servaient de cobayes pour une expérience de psycho-sociologie en grandeur réelle. Ils ne tardaient pas à se rencontrer ; les deux premiers couples qui se formaient ne tardaient pas davantage à se déliter, comme on sen doute, mais le troisième couple se révélait dune fidélité en béton armé, ce qui permettait à Marivaux de conclure... quon ne pouvait rien conclure.
Bien sûr, ce pauvre Marivaux, sans doute en raison de son absence totale de savoir-faire (il naurait pas tenu un trimestre à la direction des programmes de M6), navait pas été capable de concevoir des caractères aussi marqués que ceux de Loana, de Jean-Édouard, de lintello Philippe ou de Laure, la JR du groupe, et son manque dimagination ne lui avait pas permis de prévoir quun jour, aux environs de 1980, naîtrait un Steevy, dont la fidélité à son Bourriquet et son attachement à sa maman et à son coiffeur auraient pu lui inspirer de bien belles pages. Il faut dire, fatale carence, que notre académicien ne faisait pas dans lanticipation. Cest comme ça chez les classiques, il leur manquera toujours quelque chose pour plaire aux masses populaires. Aujourdhui, Dieu merci, on sait faire preuve daudace imaginative, je ne désespère donc pas de voir les concepteurs de Loft Story entrer un jour à lAcadémie Française.
À demain.