Tout le monde en convient : rien de pire que le rap. Non seulement du point de vue musical, ce qui ne serait pas très grave. Mais aussi quant au contenu des textes. Lorsque la mode en sera passée et elle passera, même le rock a été balayé , on méditera les avertissements trop peu entendus lancés actuellement, et qui concernent, entre autres, limage de la femme que véhiculent ces caricatures de chansons. Les conséquences en sont plus lourdes que le croient les distraits, comme la démontré une enquête du « Nouvel Observateur » : depuis 1999 environ, la violence, la fréquence des harcèlements sexuels et lagressivité subies par les très jeunes filles ont augmenté dans des proportions alarmantes, les malheureuses étant victimes de leurs propres camarades de classe alors que ces derniers nont même pas quinze ans. Pour le garçon qui a pris au sérieux les tristes élucubrations des rappeurs, toute fille est une « tassepé » forcément « chaude », et qui nexiste que pour son plaisir, à lui, le mâle. Il la voit, il se sert, cest simple, et la société de consommation le lui confirme : « Consommez du sexe, tout est permis à condition de mettre un préservatif » (pour votre sécurité, pas pour celle de la fille, naturellement).
Il nest donc pas très étonnant que le rap ait été qualifié de « merde » sur le forum du Fan Club Français de Friends. Bien sûr, tout le monde nest pas de cet avis, et un certain nombre d’égarés ont cru devoir senflammer pour défendre leur « musique » de prédilection. Ils ont même trouvé des défenseurs inattendus. Mais la riposte na pas tardé :
Bien que ma chère amie Lili soit partie lâchement en vacances, je réponds ici à son message dhier, où elle écrivait en mapostrophant :
« Je dois avouer que jai été très étonnée et un peu déçue que tu commences en post en disant que le rap était de la "merde" (ou quelque choses dapprochant. Jai généralement très peu de temps pour lire !! Sil y a erreur, pardonne moi). Jai toujours detesté les gens qui disent "cest de la merde". On dit : "Je naime pas" ! Je sais que ça fait un peu tatillon, mais cest quelque chose qui ménerve !! Et de ta part, je mattends toujours à bien mieux ! »
Intrigué, jai fait une recherche sur le mot « merde » employé par moi dans ce qui subsiste du forum (ça part à une allure de Formule 1, en ce moment). Effectivement, jai trouvé quelques occurrences du mot de Cambronne sous ma plume (de paon), mais pas le passage cité. Je ne nie pas que jai pu écrire ce genre de chose, mais comme mes bons amis prétendent que la maladie dAlzheimer progresse chez moi plus vite que la vérole au sein du bas clergé, et comme je narchive pas tout ce que jécris car aucun disque dur ne serait assez gros, je ne me souviens pas. Disons que cest dans lordre du possible.
Cela posé (cest une image, il ny a même pas une table dans ce forum), vous remarquerez que je porte le même prénom que monsieur Coffe, qui a popularisé lexpression « Cest de la merde ». Par conséquent, il doit y avoir un début dexplication de ce côté-là.
Lautre aspect de la question, cest celui-ci : comment puis-je avancer que le rap est de la merde, quand certains prétendent que quelques textes, relevant du genre, nen sont pas ? Mais dites-moi, mes bons amis, supposez-vous par hasard que je passe mon temps à explorer les radios commerciales en vue de dénicher ce type de rareté ? Jai vraiment autre chose à foutre. Si jai dit que le rap était de la merde, cest parce que tous les morceaux de rap qui parvenaient à mes oreilles étaient bel et bien à classer dans ce recoin sombre de la table des matières. Je ny peux rien, moi, si aucune radio ne ma proposé autre chose. Il faut croire que les programmateurs ont des goûts de chiottes, pour rester dans cette ambiance post-transit. Par conséquent, que mes contradicteurs veuillent bien sadresser à qui de droit, il ny a rien à balayer devant ma porte.
Pour en revenir à Lili, cest sans aucun scrupule que jemploie le vocabulaire de Rabelais, et je nai pas à en avoir honte. Le langage grossier est de plus en plus à la mode, et je reste encore très en-dessous de la moyenne, sur ce plan. Rappelons quÉdith Cresson, lorsquelle était Premier ministre, a proclamé quelle navait « rien à cirer » de la Bourse, que Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, a dit que « quand on est ministre, on ferme sa gueule ou on démissionne », que Michel Charasse, ministre du Budget, a clamé que lui-même nétait « pas de ceux qui se mettent un bâton dans le cul pour être raide », que Chirac, Premier ministre, a lancé à Margaret Thatcher quelle lui « cassait les couilles », etc. Puis-je faire moins que nos bien-aimés gouvernants ?
Outre cela, quelques-uns dentre vous ont peut-être noté que je ne cultive pas le genre mollasson, et que jappelle un chat « un chat ». Je disais hier soir à [quelqu’un] que je détestais la traduction des Mille et une nuits quavait faite Galland en « style Louis XIV », censurant tous les passages de cul de ce prodigieux recueil de contes. Donc, mieux vaut écrire « merde », « bite » ou « enculer » que de malmener la langue française.
Sur le fond du problème, il va sans dire quon juge un arbre aux fruits quil donne, comme a dit un certain Jésus, qui était de très bonne famille. Linfluence du rap est proprement désastreuse chez les esprits faibles. Ce sont dailleurs les seuls qui écoutent ça.