Notre héros positif vient daccomplir la première partie de sa mission en pays batave. Mission périlleuse sil en fut. Pourra-t-il la mener à bien jusquau bout ?
JB considérait avec perplexité lobjet quil tenait en mains (et dailleurs, où donc pourrait-il le tenir, sinon en mains ? La langue française est parfois bizarre). Les lecteurs qui nous ont lu jusquici savent de quel objet il sagit. Rappelons néanmoins, pour ceux qui nétaient pas là, que ledit objet est un vibromasseur, en provenance directe du (ou de la) sex-shop situé(e) au 173 Oudezijds Voorburgwal à Amsterdam (amateurs, notez ladresse), et indirectement de Taïwan.
Inutile, lecteurs bien-aimés, de vous décrire la chose : vous en avez tous eu en mains (encore ! Voir plus haut). Vous savez donc que le gadget en question affecte généralement la forme dun sous-marin (dont le périscope serait rentré), car je nose écrire « dun suppositoire », vu ma pudeur naturelle dont je parlais dans un précédent épisode. Dune longueur variable selon le modèle, et dun diamètre plus ou moins important pour satisfaire à tous les desiderata de la clientèle, un tel ustensile est en général pourvu à larrière dun interrupteur permettant la mise en marche dun minuscule moteur, communiquant à lensemble les vibrations qui lui valent son nom et pour lobtention desquelles il a été conçu.
JB actionna cet interrupteur.
La douce Natacha actionna linterrupteur.
Rien ne se produisit à Amsterdam.
La lumière séteignit dans la chambre virginale de la belle enfant. Laquelle poussa un soupir, et sendormit bientôt. Laissons-la reposer, et regagnons en hâte la capitale des Pays-Bas, où des événements se produisent.
Surpris de linertie que manifestait lengin, JB, tel MacGyver, en entreprit le démontage. Ce fut promptement fait, car les concepteurs du merveilleux instrument avaient prévu quil devrait pouvoir être mis entre toutes les mains (ah ! cette langue française !). Il suffisait en somme de dévisser la base pour que lingénieuse machine laissât voir son intérieur, si je puis dire (et dailleurs, sans ça, comment voudriez-vous changer les piles après un voyage daffaires en compagnie de votre secrétaire ?).
Allons bon ! Évidemment ! Ce nétait pas étonnant que lappareil se refusât à fonctionner : le logement prévu pour y placer les piles était vide.
À la place, il y avait un rouleau de celluloïd.
JB fit tomber ce rouleau. Comme il sy attendait, et vous aussi sans doute, lecteurs auxquels on ne peut rien cacher, cétait bel et bien un rouleau de pellicules. Très exactement, un mini-film. JB lexamina sommairement en lexposant à la lumière de sa lampe de chevet : il semblait sagir dune série de photocopies. Mais de quoi ? Pour le savoir, besoin était dune loupe très puissante. Or, JB ne voyageait jamais sans un certain nombre dobjets utiles, parmi lesquelles figurait notamment une lentille convergente fortement grossissante.
Il alluma la lampe du bureau, qui éclairait mieux que celle de son lit, et regarda le film à travers la lentille.
Celle-ci faillit lui échapper des mains : il avait en sa possession un document exceptionnel. Cela dépassait lentendement ! Le souffle coupé, JB se laissa tomber sur le fauteuil proche de son lit. Il ne pouvait en croire ses yeux.
Ah ! Lecteurs, lémotion nous étreint à tel point que nous ne pouvons continuer.
Alors, rendez-vous au prochain épisode, lequel contiendra bien de linédit.
En attendant, mangez modérément, car vous avez tendance à grossir.