Alors que le héros de cette bouleversante histoire sapprêtait à goûter des vacances bien méritées, une nouvelle mission lui est confiée par ses chefs. Râleur, mais bon citoyen, JB sincline, non sans se demander sil pourra revoir cette année la douce Natacha.
Crissant de ses quatre pneus lisses, le taxi freina et vint stopper pile devant le numéro 93 de la rue de Ménilmontant. À ce moment précis, JB sortait de sa villa. Il sengouffra dans le tombeau roulant et jeta au kamikaze : « Cocher, à laéroport, et promptement ! ». Puis il se signa, adressa à la douce Natacha une pensée qui pouvait être la dernière, et se remit entre les mains de la Providence.
Une demi-heure plus tard, il débarquait à laéroport Mohammed-V, après seulement deux ou trois menus accrochages qui navaient coûté à lantique R8 que la portière avant-droite, un phare et la lunette arrière, et navaient fait quun âne en guise de victime. Allons ! La journée ne sannonçait pas trop mal.
Dans cette localité située à une quarantaine de kilomètres de Casablanca se trouve un asile daliénés.
Après avoir réglé à léchappé de Berrechid (où se trouve l’asile d’aliénés casablancais) la moitié de la somme que celui-ci réclamait pour prix de la course, et qui allait lui permettre de chômer durant les trois semaines à venir, JB gagna le comptoir denregistrement des bagages.
À 14 heures, le Discorde de la compagnie KLM atterrit, non pas sur le toit dun hôtel, mais à Schipol, aéroport amstellodamois. À 14 heures 15, JB recevait les clés et la carte grise de la voiture de louage à lagence de location de laéroport. À 14 heures 40, il se garait devant le luxueux Park-Hôtel, renait possession de sa chambre, se douchait, changeait de complet. À 15 heures, il passait un coup de téléphone. Cinq minutes plus tard, il partait à pied en direction du marché aux fleurs de Singel. À 15 heures 30, il achetait un sachet doignons de tulipes, quil glissait dans la poche de son imperméable.
Dix minutes plus tard, il abandonnait sur la table du bar la chope de bière quil avait commandée, et se rendait aux lavabos. Il senferma, tira le sachet de sa poche et louvrit. Un travail désagréable lattendait : il entreprit de décortiquer son contenu.
Quinze oignons plus tard, pleurant toutes les larmes de son corps, il trouva ce quil cherchait : un mince rectangle de papier pelure, roulé en boule, quil défripa, lut, et jeta dans la cuvette, avec les restes des oignons. Le message consistait en une seule phrase : « Ce soir, 22 heures 45, au 173 Oudezijds Voorburwal, un journal français à la main ».
JB tira la chasse et sortit. Personne ne prit garde à son visage larmoyant.
Mais, pendant que ces événements se déroulaient, que devenait donc la douce Natacha ?
Vous vous en doutez, lecteur, la belle enfant languissait. Le télégramme de JB lui annonçant le fâcheux contretemps lavait plongée dans la mélancolie. Fidèle comme Lassie, sachant à présent que lélu de son cur ne viendrait pas, elle nen passait pas moins ses journées et une partie de ses nuits à guetter larrivée de JB, depuis la fenêtre de la chambre virginale qui abritait sa tendre jeunesse, dans laile ouest du manoir historique, possession de son aristocratique famille.
Que tout cela est digne dadmiration !
À 22 heures 45, JB se trouvait devant le numéro 173 de lOudezijds Voorburwal. Mais la surprise le fit un instant hésiter : se serait-il trompé de numéro, ou de rue ? Mais non, cétait bien là !
Le 173 était une sex-shop.
Allons bon ! Décidément, la profession de notre héros est pleine daléas !
Quest-ce donc que JB va découvrir et nous avec lui dans un tel lieu de perdition ? Cest très probablement ce que nous apprendra le prochain épisode, lequel ne manquera pas de vous instruire.
En attendant, ne poussez pas trop le chauffage, car lénergie nest pas donnée.